Tester le Muy-Thaï en Thaïlande

La boxe thaïe, c’est la capoeira du Brésil, la pétanque de Marseille, la poutine de Montréal, le rougail saucisse de La Réunion !

Bref vous l’aurez compris, cet art martial fait partie intégrante de la culture thaïlandaise. Difficile de ne pas s’en apercevoir. Chaque semaine, des camionnettes « publicitaires » font leur ronde et sillonnent les rues de l’île pour annoncer les prochains matchs. Au programme, distribution de flyers et collage d’affiches ! Les enceintes crachent inlassablement cette musique qui nous parle tous. Ta ta da da taa daaa daaa (« Eyes of the Tiger” pour ceux qui ne l’auraient pas compris !). Une façon de libérer le Rocky qui sommeille en nous… ou pas!

Cette discipline, qui a très largement dépassé les frontières du pays, attire des afficionados des quatre coins du monde. Canadiens, Italiens, Argentins, Australiens, tous viennent ici (comme mamie irait en pèlerinage à Lourdes !) à la source, quérir de nouveaux enseignements afin de s’en retourner dans leur pays respectif, grandis, enrichis et accomplis ! Les clubs de Muay Thaï sont nombreux et proposent tous des entraînements à la carte, de courte ou longue durée. Thaïlandais et Farangs (nom donné aux étrangers) se côtoient dans la joie et la bonne « sueur » humeur, pardon je voulais dire « humeur ».

Pour beaucoup d’entre-eux, le Saint-Graal de leur entraînement reste bien évidemment l’affrontement sur un ring. De quoi flipper puisque, très souvent, ils rencontrent des locaux qui, eux, ont de la bouteille et plusieurs matchs à leur actif. « Et si on allait voir un match ? ». Ma rencontre avec l’un de ces afficionados me fera découvrir cet univers plus rapidement que prévu. C’est l’occasion qui fait le larron après tout! Je me rends donc au Phetch Buncha Stadium, où des matchs ont lieu chaque mercredi soir, pour assister à mon premier match de boxe thaï. Ambiance! Les gradins sont remplis de touristes. A la droite du ring, un attroupement de Thaïlandais m’intrigue. Ah mais bien sûr ! Ce sont les bookmakers et les parieurs… les matchs démarrent, il y en aura 4 ce soir-là mais mon attention sera concentrée sur la rencontre Thaïlande/Canada. Les meilleurs s’affronteront en dernier, histoire de chauffer la salle et de laisser monter les paries.

“Soyons honnêtes, la boxe, ce n’est pas mon dada. C’est quand même deux personnes qui se cognent et qui se prennent des sales coups. Mais, de toute évidence, ce n’est clairement pas que ça !”

La boxe thaïe c’est aussi des rituels, des codes ancestraux et du respect, celui que le boxeur porte à son entraîneur. Les Nak Muays (terme qui désigne tous les pratiquants de cette discipline) font leur entrée chacun leur tour et ils ont une sacrée dégaine ! Il porte un serre-tête appelé le « Mongkon » symbolisant le savoir. L’un des deux combattants se distingue par sa fière allure et son regard intense. On peut lire dans ses yeux qu’il visualise déjà sa victoire…

Avant de démarrer le combat, chaque boxeur exécute une danse appelée le « Wai Khru » afin de remercier leur entraîneur et mentor à qui ils adressent toute leur reconnaissance et leur remerciement. Ils font ensuite trois tours en prenant le temps de saluer les quatre coins du ring. Chaque match est composé de 5 rounds de 3 minutes (« c’est tout ? »  me direz-vous ! Oui, mais c’est très intense !). Allez c’est parti pour le show !

Après un premier round d’observation, les coups s’enchaînent et s’accélèrent. L’un des deux combattants prend la main. Ses coups sont plus précis, mieux placés. La musique donne de l’intensité, du rythme. Je me laisse prendre au jeu. On crie, on frissonne, on a peur (oui…Bon… surtout moi en fait!). Et puis PAF ! Un beau dernier crochet mettra un des deux adversaires au tapis...il ne se relèvera pas. La foule est en liesse ! Le grand froid canadien a frappé. Une immense fierté se dessine sur le visage du vainqueur qui, avant de lever le poing fièrement pour savourer sa victoire, n’oubliera pas de saluer son adversaire encore au sol et de s’assurer que ce dernier reprenne bien ses esprits.

Des killers oui ! Mais au grand cœur !