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Le Sak Yank, le tatouage traditionnel thaïlandais.

  • Photo du rédacteur: Brinzelle
    Brinzelle
  • 18 févr. 2018
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 nov. 2018

Alors en Thaïlande, on peut se la jouer Very Bad Trip, une bonne grosse biture sur Koa San Road à Bangkok, 4 ou 5 buckets d’éthanol dans la tronche, une virée dans un bar à gogo et on sretrouve le lendemain avec un tatouage sur la fesse gauche représentant une tête de tigre en pleine lévitation !

OU on peut se la jouer plus tradi, à l’ancienne…. Et alors là, ça en jette !


J’ai été inviter à assister à un « Sak Yant », tatouage traditionnel thaïlandais (« Sak »= tatouer et « Yant »= yantra en thaï ). Convaincue par l’idée que cela serait sûrement une expérience à ne manquer, je n’hésite clairement pas à faire l’école buissonnière.


Le lieu de rendez-vous n’a rien d’un salon de tatouage traditionnel! Je suis surprise par cette ambiance familiale et conviviale. La terrasse, où nous sommes accueillis, a des allures de temple. Des centaines de statue, amulettes, portraits, sculptures à l’effigie du Bouddha ornent la pièce du sol au plafond. On nous installe sur le carrelage où l’on nous apporte de vieux albums. Je les feuillette et découvre que nous ne sommes pas les seuls à s’être aventurés par ici. Les photos montrent les étapes de la cérémonie. Je commence à comprendre qu’il ne s’agit pas d’un simple tatouage. Il y a bien une dimension spirituelle qui l’accompagne. Dans la tradition thaïlandaise, les tatouages, à l’origine réalisés par et sur les moines, véhiculent des messages de la pensée bouddhiste. Les moines se faisaient généralement tatoués des « mantras » ou prières, synonymes de force, courage et santé.

Tatouage traditionnel thaïlandais
Temple, cérémonie, tatouage

Ce rituel, oui parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, repose sur une relation de confiance. Oui, bon, d’accord ! Que cela soit avec un moine ou un tatoueur normal, il faut s’assurer qu’il soit bon, qu’il respecte les normes d’hygiène, en gros avoir vraiment méga confiance! Mais là, la relation de confiance prend carrément une autre dimension ! C’est le moine qui choisit le motif et l’emplacement du futur tatouage. On se remet entièrement entre ses mains !


Marco, qui m’a convié, m’explique qu’il est déjà venu une première fois. Durant cet échange, le moine lui a posé de nombreuses questions sur sa vie, son métier et sur ses motivations personnelles. Et c’est à l’issue de cet échange que le moine détermine le motif approprié. Le jour-J, il n’y a alors plus qu’à se laisser guider.


Un des membres de la famille, une mère portant son enfant dans les bras, nous tend une feuille «the wishes list». Je laisse à M…un peu d’intimité, un peu de temps pour réfléchir à ses vœux mais je sens que ses idées sont déjà très claires… Le principe est simple. Il doit y inscrire les vœux qui accompagneront son tatouage. J’aime cette démarche qui invite le futur tatoué à donner du sens à sa venue. Mais je sens que l’attention de M… est attirée par quelque chose . Il me montre le dessin qui se trouve au dos de sa wishes list. C’est Anuman, dieu choisit pour son tatouage. Il a un coup de cœur pour cette représentation. Il hésite. Il n’est pas coutume de faire des requêtes ! Je l’incite à formuler sa demande. Après tout, il s’agit de son corps. Il a le droit d’en disposer comme il l’entend ! Après un échange sur les raisons de cette « last minit request », le deal est accepté ! Je sens qu’il est heureux, soulagé et en accord avec lui-même.... Il est maintenant prêt à vivre pleinement cette expérience !

Sa liste est ensuite placée dans une corbeille où sont déjà disposés des offrandes pour Bouddha.


La cérémonie peut alors commencer. Toute la famille y participe. Un apprenti, la maman, la sœur et même le bébé, tous sont de la partie. Ils dégagent tous une telle bienveillance que mon inquiétude disparaît peu à peu… Assis à côté de M, je me laisse porter. Le moine récite à voix haute une série de mantras que l’ensemble de la famille répétera plusieurs fois. On nous montre les gestes à adopter. Nous demandons à Bouddha force et courage. Le moine nous demande de penser à nos proches, à ceux que nous aimons. Je pense à ma famille et j’en profite pour demander à Bouddha de les protéger, tant qu’à faire !


Après une série de mantras et de Satu (le Amen Bouddhiste!), quelques prosternations et une série d’encens brûlés, nous faisons une pause. Le moine doit préparer son matériel. Une dame d’une cinquantaine d’année nous propose une séance de méditation dont elle nous explique les rudiments et surtout l’importance de la respiration. Une manière de préparer le futur tatoué à maîtriser son esprit et la douleur. Pas facile de faire le vide… mais l’endroit, le contexte, le son de sa voix me mettent plus facilement en condition.


Le matériel est prêt, le tatouage peut commencer...on entre dans une petite pièce attenante à la terrasse où l’on demande à M… de s’asseoir par terre, recroquevillé sur lui-même, position qu’il tiendra longtemps. Le moine saisit une tige d’acier d’environs 30cm et trempe la pointe dans un premier récipient d’encre. Je me fais toute petite … Le moine commence à piquer et récite inlassablement des mantras. Dès les premiers coups d’aiguille, je peux lire la douleur sur son visage. Du peu que je connaisse de lui, M… ne me semble pas être une chochotte. Pour l’aider à supporter la douleur, on lui propose de réciter un mantra, histoire d’occuper son esprit !


La séance de torture prends fin une heure et demi plus tard. J’en connais un qui est soulagé ! On finira la cérémonie avec une tête d’éléphants sur la tête et des feuilles d’or sur le front, les paumes et la langue !


C’est complètement vannés, soulagés et remplis d’un sentiment de gratitude que l’on quittera cet endroit où je suis ravie d’avoir jeté l’encre le temps d’un voyage, le temps d’un tatouage….



Tatouage traditionnel thaïlandais
Tatouage traditionnel thaïlandais









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A PROPOS 

Je suis Aurélie alias Brinzelle et je viens de l’île de La Réunion. Blogueuse du dimanche, véritable adepte de la communication non-verbale et "cocktailophile". 

Après l’obtention d’un visa Permis Vacances Travail d'une durée de 2 ans, je me suis installée depuis septembre 2019 au Canada, à Montréal!

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